🧠 Dopage et santé mentale : réflexions, débats et droits
- Vassine Avocat
- 5 juin
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juin
Le cabinet Vassine Avocat était présent au colloque organisé par l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD) sur le thème :« Pour un sport sans dopage : la santé mentale au cœur de la défense du sport propre » (3 juin 2025).
Un événement riche en échanges, ponctué de témoignages percutants et de réflexions nécessaires pour repenser le cadre de la lutte contre le dopage.

⚖️ Réglementation antidopage : une charge mentale lourde pour les sportifs
Lors de la conférence sur le dopage et la santé mentale, un consensus a émergé : la santé mentale des sportifs est impactée par la lutte antidopage.
➡️ Les causes sont multiples :
obligations administratives pesantes
dysfonctionnements réguliers (système ADAMS)
crainte de commettre un impair (poussant certains sportifs à ne pas se soigner)
méconnaissance des règles nombreuses et complexes
manque d'accompagnement médical
incertitudes liées aux compléments alimentaires autorisés
divergences d'appréciations quant au traitement médical prescrit
solitude et isolement en cas de procédure disciplinaire
Le sportif est souvent seul face à une machine réglementaire soumise à ses propres contraintes de fonctionnement, parfois mal comprises et/ou appréhendées.
💊 Les Autorisations d'usage thérapeutique (AUT) sources d'insécurité juridique
L'Autorisation d’Usage Thérapeutique (AUT) est un processus qui permet à un sportif de prendre un médicament ou une substance interdite par la réglementation antidopage, dans un but strictement médical et sous encadrement médical. L'AUT peut être délivrée dès la prescription d'un traitement ou de manière rétroactive, après une crise ou un contrôle.
Cependant, le traitement des Autorisations d’Usage Thérapeutique (AUT), en particulier rétroactives, a pu mettre les sportifs dans de grandes difficultés.
"Lorsque le collège médical de l'AFLD invalide un traitement médical prescrit au sportif par un ou plusieurs médecins, il l'envoie sur la chaise électrique. Le sportif n'a pas à être victime de divergences médicales qui peuvent exister entre pairs." Tatiana Vassine, Avocate
⚠️ Trop de sportifs font face à une insécurité juridique lorsqu’ils suivent un traitement prescrit par leur médecin mais qu'une AUT leur est refusée. En effet, si le collège médical en charge d'étudier la demande d'AUT s'y oppose, les sportifs s'exposent à une sanction.
🔍 Or, une AUT devrait justement être un "filet de sécurité" pour le sportif, pas un facteur de stress, voire un catalyseur de sanction. Pour éviter une mise en danger des sportifs, il parait indispensable que le processus d'AUT :
tienne compte des prescriptions médicales faites au sportif
ne soit pas source de préjudice pour le sportif en cas de divergence médicale
garantisse à tous les sportifs, quel que soit leur niveau, une information claire et fiable,
offre aux sportifs cette information en amont sur leurs traitements ou prescriptions, y compris en prévention d'éventuelles crises
Le nouveau code mondial antidopage sera, espérons-le, source d'avancées sur ces sujets.
🧩 Un accompagnement pour les sportifs suspendus
L'Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD) a lancé une réflexion sur les modalités d'accompagnement dédié aux sportifs suspendus. Son objectif est de proposer un soutien aux sportifs qui ont été sanctionnés par la commission disciplinaire de l'agence.
Sans remettre en question l'objet de ce dispositif qui part d'une belle initiative, le cabinet Vassine Avocat a rappelé la nécessité d'un accompagnement préalable et transversal avec toutes les composantes de l'aide au sportif. Car la suspension est, dans la majorité des cas, une interruption de la carrière sportive. Or, il existe des solutions pour éviter d'en arriver à ce point de non retour et à un échec cuisant aussi bien pour le sportif sanctionné, que pour le travail de prévention de l'agence.
"L'accompagnement par l'AFLD de sportifs suspendus pour 2 ou 4 ans est un accompagnement au deuil." Tatiana Vassine - Avocate
Les sportifs qui sont suspendus, le sont souvent pour 2 ou 4 ans, ce qui est synonyme d'une fin de carrière. Les accompagner après qu'ils aient été sanctionnés équivaut alors à les accompagner dans le deuil de leur carrière. D'où la difficulté de la tâche et la colère des sportifs contactés dans le cadre de ce dispositif.
Le meilleur accompagnement reste donc celui qui a lieu en amont avec l'ensemble des composantes de le lutte contre la violation des règles antidopage et les défenseurs naturels des sportifs et ainsi avec :
✔️ un avocat pour assurer la défense de ses intérêts, comprendre et s'outiller
✔️ un expert médical indépendant en cas de procédure disciplinaire
✔️ un psychologue pour un suivi régulier ou en cas de crise
✔️ une assistante sociale ou un conseiller en reconversion, en cas de suspension
Un accompagnement qui n'intègrerait pas l'une de ses composantes verrait son efficience drastiquement réduite. La prévention nécessite des outils concrets renforcés par une approche multidisciplinaire et consciente des réalités.
Assurer aux sportifs un accompagnement avant la survenance des premières difficultés reste donc encore la meilleure solution afin de préserver leur santé mentale mais aussi de prévenir la violation des règles antidopage.
Le cabinet Vassine Avocat a rappelé l'importance de garantir aux sportifs un environnement sécurisé juridiquement et médicalement.
POUR ou CONTRE les compléments alimentaires ?
Un débat a également animé les échanges : la prise de compléments alimentaires. En effet, ceux-ci peuvent être à l'origine de contaminations et exposé les sportifs à des sanctions disciplinaires.
"Même avec une parfaite nutrition, nous assimilons tous ce que nous ingérons différemment. Nous ne sommes pas égaux, nous sommes tous différents et subissons tous des carences. Il est indispensable pour les sportifs de ne pas être carencés et, pour éviter cela, de prendre des compléments." - Médecin nutritionniste présente au colloque
Plusieurs approches se sont historiquement opposées : certains ont soutenu qu'il faudrait interdire les compléments alimentaires aux sportifs, qui caractérisaient une pratique dopante ; d'autres ont toujours défendu l'importance des compléments alimentaires dans l'hygiène et la performance sportive ; une autre frange a préféré ne pas s'immiscer dans ce débat et renvoyer les sportifs face à leur propre responsabilité.
Plusieurs affaires, dont la célèbre affaire POGBA, ont mis en exergue l'insécurité liée aux compléments alimentaires qui, même s'ils n'indiquent pas dans leur composition la présence de substances interdites, peuvent en contenir.
Il n'existe aucun moyen de se prémunir contre cette incertitude.
« On ne peut pas donner une réponse claire et précise à un sportif qui peut prendre un complément alimentaire, car le marché n’est pas réglementé. » Catherine Coley, directrice prévention de l’AFLD
C'est l'aveu même de l'AFLD qui, à la demande d'un sportif qui avait manifesté leur besoin d'avoir des réponses claires et précises sur ce qui était autorisé et ce qui ne l'était pas, a concédé qu'elle en était à ce jour incapable.
Le débat est donc loin d'être terminé et il sera conseillé au sportif de faire preuve de la plus grande vigilance.
TDAH et AUT
Le saviez-vous ? Près de 65% des AUT sollicitées le sont aujourd'hui pour des médicaments prescrits dans le cadre de traitements liés au trouble de l'attention avec hyperactivité. De là à y voir un lien entre le haut niveau et le TDAH, il n'y a qu'un pas !
💬 Paroles de terrain : sélection
💥 Sur le logiciel ADAMS (géolocalisation) - Alex Portal, triple champion paralympique Paris 2024 :
« Le site ADAMS… c’est pourri. »
🥗 Sur la précarité des sportifs - Hervé Martini, médecin du sport et addictologue :
« Le sportif qui mange mal est un sportif qui aura plus tendance à se doper. »
📉 Sur une réponse claire concernant les compléments alimentaires autorisés - Catherine Coley, directrice prévention de l’AFLD :
« On ne peut pas donner une réponse claire et précise à un sportif qui peut prendre un complément alimentaire, car le marché n’est pas réglementé. »
🧬 Sur l'importance des compléments alimentaires - Une médecin nutritionniste :
"Même avec une parfaite nutrition, nous assimilons tous ce que nous ingérons différemment. Nous ne sommes pas égaux, nous sommes tous différents et subissons tous des carences. Il est indispensable pour les sportifs de ne pas être carencés et, pour éviter cela, de prendre des compléments."
🧬 Sur les divergences médicales en cas de demandes d'AUT R aboutissant à l'ouverture d'une procédure disciplinaire - Tatiana Vassine Avocate en droit du sport
"Lorsque le collège médical de l'AFLD invalide un traitement médical prescrit au sportif par un ou plusieurs médecins, il l'envoie sur la chaise électrique. Le sportif n'a pas à être victime de divergences médicales qui peuvent exister entre pairs."
🧬 Sur l'accompagnement de l'AFLD pour les sportifs suspendus - Tatiana Vassine Avocate en droit du sport
"L'accompagnement par l'AFLD de sportifs suspendus pour 2 ou 4 ans est un accompagnement au deuil." Tatiana Vassine - Avocate
Accompagner et défendre les sportifs à défendre leurs droits en matière de dopage
👨⚖️ Chez Vassine Avocat, nous agissons pour défendre les sportifs accusés de violation des règles antidopage. Notre cabinet s’engage pour une lutte contre le dopage respectueuse des droits, de la santé mentale et de la carrière des sportifs.
🎯 Nous intervenons à vos côtés pour :
prévenir les risques liés aux AUT
gérer les difficultés liées aux obligations de localisation (no show)
vous défendre dès le début d’une procédure
vous accompagner dans votre parcours, y compris en cas de sanction
📩 Sportif confronté à une difficulté en matière dopage ? Contactez-nous.
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